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Enfin, bref...
5 février 2014

Trombinosphère

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En créant « thefacebook.com » en 2004 avec trois amis (qui se sont, semble-t-il, « dislikés » depuis), Marck Zuckerberg, étudiant rebelle et bidouilleur de l’université américaine de Harvard, inventait la vitrine magique…

Magique, elle le fut tout d’abord pour lui, puisqu’à trente ans à peine, il est aujourd’hui à la tête d’une fortune estimée à plus de 20 milliards d’euros.

Magique, elle le fut aussi, au fil de cette première décennie d’existence, pour les centaines de millions d’internautes qui, grâce à ce trombinoscope à échelle planétaire, purent accomplir la prouesse de publier des photos de profil de face (!) et eurent la sensation de voir s’ouvrir devant eux un univers illimité d’échange, de liberté et de partage, permettant de se sentir tour à tour artiste, critique, humoriste, journaliste, leader d’opinion ou, plus modestement, acteur d’une vie rêvée soigneusement mise en scène, à grands renforts de photos downloadées, de posts, de comments, de share et de like.

Dans un internet peuplé de pseudos, Facebook imposait les vrais noms, marquant l’ouverture de la chasse aux copains d’enfance et aux anciens collègues et ami(e)s perdus de vue, avec lesquels il arrive que l’on puisse ainsi partager à nouveau une jolie complicité.

Espace de retrouvailles donc… De belles rencontres aussi…

Mais ça, c’est la face rose de l’iceberg !

Tel une maison aux parois vitrées, FB est devenu le lieu où, de façon plus ou moins consciente, voulue et maîtrisée, l’intime s’offre au regard de tous… et devient à ce titre susceptible de vous revenir en pleine face au moment le moins opportun. Car si les paroles prononcées autour d’un verre entre amis n’ont d’existence que le temps de la conversation, les propos et photos postés sur la toile y laissent une trace quasiment indélébile et décontextualisée.

Sur Facebook, le droit à l’oubli n’a pas droit de cité et, « les amis de mes amis » n’étant pas toujours mes amis, il convient de réfléchir à deux fois avant de graver dans le marbre virtuel certaines images ou prises de position ; et ce même si quelques agences, flairant le filon, se vantent aujourd’hui de pouvoir vous refaire une virginité numérique, en effaçant, moyennant plusieurs centaines d’euros, toute donnée susceptible de nuire à votre « e-réputation ».

Est-il vraiment nécessaire par exemple que votre employeur, vos clients ou vos salariés puissent admirer vos exploits de fin de soirée ou le magnifique costume d’abeille ou de hot dog que vous arboriez lors de l’enterrement de vie de garçon de votre meilleur copain ?

Est-il par ailleurs bien utile d’informer la terre entière que vous vous absentez de votre domicile pendant 3 semaines ?

Et que se passera-t-il lorsque cette critique acerbe du monde de l’entreprise, rédigée à un âge où vous pensiez encore pouvoir vivre d’amour et de téquila frappée, tombera sous les yeux d’un recruteur potentiel ?

Tout cela est certes bien ennuyeux, mais il y a beaucoup plus grave…

L’actualité récente en témoigne, qui a mis en lumière des situations de maltraitance filmées et affichées avec fierté sur leurs « murs » respectifs par leurs auteurs, qui n’avaient apparemment pas la moindre conscience de la monstruosité de leurs actes. Le buzz fait décidément feu de tout bois…

Cela ne va d’ailleurs pas sans soulever quelque interrogation quant à la place et au rôle des « réseaux sociaux » dans ces démonstrations de violence scénarisée.

Ces actes auraient-ils été commis sans l’espoir insensé de l’écho que pourrait leur apporter le net ? Pas sûr…

Mais dans l’affirmative, auraient-ils jamais été dévoilés et punis s’ils n’avaient ainsi été exhibés sur la toile ? Difficile à dire.

En fin de compte, Facebook n’est certainement rien d'autre que le reflet amplifié et démultiplié de la société qui l’a vu naître et fait croître, capable du meilleur comme du pire et aussi potentiellement cruelle et généreuse que la mosaïque d’individus qui la composent.

Enfin bref, quelle idée aussi de se déguiser en hot dog…

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Commentaires
H
Souris blanche et face de rat, que j'aime donc votre pertinence !
Enfin, bref...
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