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Enfin, bref...
10 juin 2015

Rainbow moutons

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Finalement remise de ma macabre découverte concernant la viande de compagnie (cf. « A la trace… » - février 2013), je décidai récemment de faire radicalement abstraction de l’image obsédante de ses petits yeux et museaux si émouvants pour concocter un tajine d’agneau au citron confit.

Adepte des circuits courts et soucieuse d’apporter mon modeste soutien à une agriculture paysanne locale et de qualité, mon choix se porta spontanément vers de la bestiole régionale.

C’est alors qu’apparut au détour d’un rayon, trônant fièrement en tête de gondole, l’étiquette conquérante affichant un prix défiant toute concurrence, la bête noire de l’éleveur du coin : l’agneau de Nouvelle-Zélande.

L’affaire aiguisa ma curiosité : comment diable un produit ayant parcouru la moitié du globe pouvait-il se retrouver là à un tarif jamais vu pour les marchandises n’ayant pourtant que le pré à traverser pour s’installer dans nos assiettes ?

L’argument du faible coût de la main d’œuvre, souvent évoqué pour expliquer les bas prix des denrées agricoles ou manufacturées exportées vers l’Europe depuis l’hémisphère sud, n’a pas cours ici. Avec une 7ème place dans le classement mondial 2013 des pays selon leur IDH (« Indice de Développement Humain », calculé en se fondant sur le PIB par habitant, l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'éducation et le niveau de vie), la Nouvelle-Zélande, devançant la France, n’entre visiblement pas dans cette catégorie.

Mais alors pourquoi et comment une viande si bon marché ? Etait-ce à mettre au crédit de la réduction des coûts permise par un élevage extensif et des conditions climatiques fournissant à l’année une herbe tendre à foison ? Etait-ce le fruit de l’optimisation de la découpe et de la commercialisation par de gigantesques coopératives ? D’un transport par bateau massifié et finalement très compétitif ? La conséquence d’une qualité et d’une exigence de traçabilité moindres ? Sans doute y a-t-il un peu de tout cela…

Mais il semblerait que la raison majeure soit à chercher ailleurs, ou plutôt avant… En 1985 précisément, lorsque le Rainbow Warrior, en sombrant, entraîna dans son sillage une partie de notre filière ovine.

Souvenez-vous : le 10 juillet d’alors, le navire, affrété par le mouvement écologiste Greenpeace pour faire campagne contre le programme d’essais nucléaires de la France dans le Pacifique, coulait dans le port d’Auckland, dynamité par des agents des services secrets français. Bilan : un mort… et un énorme scandale.

La France, montrée du doigt, dut alors faire amende honorable, verser des indemnités pour tenter de compenser les préjudices occasionnés… et surtout s’engager officiellement à cesser de s’opposer aux accords communautaires visant à permettre des importations massives et à bas coût de moutons et agneaux de Nouvelle-Zélande.

Enfin bref… c’est ainsi que le loup néo-zélandais entra dans la bergerie française.

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